Ça, c’est un peu ma tête quand on me dit “Il y a pire ailleurs”.

« Il y a pire ailleurs ». Qui n’a jamais entendu et/ou prononcé cette expression ! Pourtant, ce que nous disons n’est pas anodin, cela a un impact direct sur ce que nous croyons et donc sur notre réalité. Les mots ont une résonnance, et le fait de les utiliser de manière automatique sans jamais les remettre en question est pour moi problématique, car ils peuvent être lourd de sens.

A mon sens, il y a deux points de vue possibles sur cette expression, deux contextes d’utilisation :

1. Elle permet de relativiser une situation. Même si je ne suis pas vraiment fan de comparer le malheur (j’y reviendrai plus bas) on peut dire que cette expression a le mérite de nous aider à prendre du recul sur une situation qui nous pèse. Par exemple, en cette période de confinement, je sais que me dire que je suis dans un studio sans extérieur, certes, mais que j’y suis seule, que je peux continuer à travailler dans le calme, et me dire que certains vivent bien plus mal cette situation, me permet de relativiser. Si elle te permet de voir les points positifs de ta situation, pour t’aider en cas de baisse de moral, à ce moment-là OK. Elle peut développer ainsi une vibration de compassion pour les autres et d’amour pour toi-même et tout ce que tu as déjà. Même si se réjouir, en quelque sorte, du malheur des autres pour relativiser, n’est pas forcément la meilleure méthode à mon sens. ET l’aspect « positif » de cette expression s’arrête là.

2. Elle te maintient dans une forme de médiocrité. Disons-le clairement. Tu vas accepter moins, un job qui ne te plait pas vraiment par exemple, parce qu’il y a pire ailleurs et en plus c’est un CDI. Tu vas rester dans une relation qui ne te convient pas, qui ne t’épanouie pas du tout, car il y a pire ailleurs après tout. Dans ce cas, cette expression a une vibration de peur. Parce que tu as peur de changer les choses, de quitter cette relation, de trouver un meilleur poste, tu vas rester dans une situation qui te convient à moitié.

Soyons clair : ce n’est pas parce qu’il y a pire ailleurs que tu n’as pas le droit de vouloir mieux et/ou plus !

Et ça ne doit pas être une excuse pour rester dans ta zone de confort, alors même que ce confort est désagréable pour toi.

Faire bouger les choses ça fait peur, oser aller vers l’inconnu, ça fait peur, mais « il y a pire ailleurs » ne doit jamais devenir une excuse pour rester dans une moitié de vie, pour passer à côté de l’intensité que tu peux espérer en apprenant à oser et à risquer.

C’est aussi une expression très culpabilisante : on a tous des coups de mou, des émotions désagréables, cela est tout à fait normal. Mais si on vient nous mettre un coup de « Il y a pire ailleurs » est-ce que l’on se sent mieux ? Il y a peu de chance. On va se sentir encore plus mal avec un sentiment de culpabilité d’avoir osé dire que ça n’allait pas fort en ce moment. Ça ne nous aura pas vraiment consolé ni aidé en résumé.

De plus, il est absurde pour moi de chercher à hiérarchiser le malheur et la souffrance. Ce sont des choses absolument incomparables. Peux-tu comparer ce qui est le pire entre une inondation et un feu de forêt ? Non, les deux portent leur lot de souffrance, point.

Si tu commences, il n’y a pas de fin…si on va au bout du bout, un SDF qui vit dans un foyer, n’est pas si mal car il y en a d’autres qui vivent dehors, eux, c’est bien pire.

Clairement, il y aura toujours pire, même dans la pire situation.

Personnellement, je n’ai pas envie de vivre dans une société qui se contente de moins et qui n’est pas pleinement épanouie à cause de ça. J’ai envie d’une société où on cherche toujours à aller vers le mieux, en aimant ce que l’on a déjà, qui aide ceux qui en ont besoin, en continuant à s’élever.

« Il y a pire ailleurs » ne devrait jamais être la réponse à quelqu’un qui s’ouvre à nous.

« Il y a pire ailleurs » ne devrait jamais être une excuse pour ne pas se donner les moyens d’aller vers la vie de nos rêves.

Il n’est jamais trop tard pour remettre en question notre langage et son impact sur les autres.

Dis-moi en commentaires si tu utilises souvent cette expression et dans quel contexte ? 😊

Avec Lumière et Amour

Vanessa

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